Last updated on mars 12, 2022

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Le concept de base est simple, mais a des ramifications finalement complexes : le consentement signifie que les deux parties veulent que quelque chose se produise. C'est LA règle éthique de base pour le sexe.

Pour le sexe ? Vraiment? En fait, c'est la règle éthique de base pour TOUT ! Si je veux une veste et que son propriétaire ne veut pas me la donner, la prendre est un vol. Le consentement est la règle de base pour vivre ensemble ! C'est une règle de base du respect mutuel.

La coercition dans le cas du sexe a toutefois un impact différent de la coercition dans d'autres domaines – comme faire la vaisselle, écrire un article ou passer du temps avec vos beaux-parents. Parce que le sexe est à la fois physique et est aussi la porte de l'intimité. Ainsi, une intrusion non désirée dans notre sexualité affecte notre être le plus intime. Vous avez probablement déjà été contraint de faire quelque chose que vous ne vouliez pas, cela n'a pas entraîné un traumatisme aussi vif que celui vécu par les victimes de viol. De plus, les organes sexuels sont très sensibles. Une intrusion brutale dans un vagin est une sensation comparable à celle de frotter un pénis avec une éponge à gratter ! En matière de sexe, la violation du consentement entraîne des traumatismes extrêmes.

Dans le sexe, comme dans la plupart des interactions (mais encore plus), le « vrai consentement » devrait être :

  • Informé (vous savez à quoi vous consentez au préalable : il n'y a pas de mensonge ou d'incompréhension),
  • Sans contrainte (personne ne vous force d'une manière ou d'une autre, ni contrainte ni obligation, ni conséquences négatives en cas de refus)
  • Enthousiaste (vous le voulez vraiment)
  • Continu et Réversible (si ça ne vous plaît plus, vous pouvez arrêter, si vous voulez des ajustements, vous pouvez demander).

Bien entendu, « informé » signifie que le consentement est préalable, suffisamment explicite et suffisamment spécifique pour une réponse authentique. Si j'ai déjà fait quelque chose et que je demande après-coup, il est trop tard.

De plus, dans la plupart des cas, l'accord doit être renouvelé et/ou ajusté tout au long de l’interaction. J’ai peut-être envie de faire une randonnée avec vous, mais une fois que je vois la hauteur du sentier, la vitesse à laquelle vous marchez ou si je me blesse en cours de route, je pourrais me raviser, même si j'étais enthousiaste au départ. Ou si j'accepte de manger avec vous, il se peut que je ne mange pas tous les plats que vous proposez, ni les quantités que vous aviez préparées. Cela tombe sous le sens!

Surtout, "avoir des relations sexuelles" peut signifier beaucoup de choses et être très différent selon la façon dont on exécute chaque action. Le simple fait de varier la vitesse ou la force de n'importe quel type de toucher peut faire la différence entre le plaisir et la douleur ! (C'est déjà le cas pour une main sur un visage, bien plus avec vos tissus mous). Donc, oui, le consentement préalable doit être suivi d'une boucle de rétroaction constante – et de respect. Bien sûr, c'est plus facile si on a parlé à l'avance des choses que l’on veut faire et des préférences – mais il est impossible de décrire exactement ce qui va se passer et comment ; le consentement devra donc être continu.

Dans les cercles « sex positifs », la règle est que le consentement doit être explicite et verbal tout au long du processus. Ce qui signifie que tant que l'autre n'a pas donné un signe clair et sans ambiguïté qu'il veut quelque chose, vous n'êtes pas autorisé à le faire. C'est nécessaire parce que différentes personnes ont différentes habitudes, et certaines choses qui « vont de soi » dans mes relations peuvent être inacceptables dans les vôtres.

L'idéal du consentement est de pouvoir attendre que l'autre personne demande ce qu'elle aimerait – et même, de confirmer « est-ce que c'est vraiment ce que tu veux ? » Il peut être intéressant de tester cela comme une « règle » pendant quelques heures, dans vos interactions personnelles (pas seulement sexuelles). Souvent, on fait des choses parce qu'on pense que ça plaira à l'autre, et parfois, on peut se tromper. Ce test peut être un moyen de vérifier les désirs réels de votre partenaire. Cela peut aussi être un excellent moyen d'essayer de nouvelles choses, d'ajouter de nouvelles couleurs à votre palette.

J'ajouterais personnellement une autre règle/indicateur au consentement : le plaisir. Si ce que nous faisons n'est pas agréable pour vous, cela signifie généralement qu'il y a un défaut dans votre consentement, et en tout cas il y a un défaut dans ce que nous faisons. Certaines personnes rechignent devant le mot "consentement", car dans son sens original, il est "passif" (ce qui est problématique dans le sexe), et il n'implique pas intrinsèquement l'enthousiasme, qui serait mieux couvert par le mot "désir" ou "envie". Cependant, c'est le mot communément accepté, donc autant faire avec.

Le fondement de la règle : Il vaut mieux être frustré que traumatisé.

 

Le mètre étalon du consentement sexuel :

  • Si tout le monde prend vraiment plaisir à ce qu'on fait, tout va bien. Cela devrait être le cas la plupart du temps, du moins si votre relation est saine... (et bien sûr, vous pouvez augmenter ce plaisir en améliorant vos compétences, c'est pourquoi vous êtes ici)
  • Si l'une des personnes impliquées est contrainte (fait quelque chose qu'elle ne veut pas), c'est un viol, ce qui n'est évidemment pas acceptable.
  • Si une ou plusieurs personnes sentent qu'elles « doivent » faire quelque chose qu'elles n’ont pas vraiment envie de faire, c'est une « obligation » ; c’est un problème. Il s'agit souvent d'une forme de violence indirecte (ex : chantage, dynamique de pouvoir) ; mais l'obligation peut venir du conditionnement social, ou des peurs intériorisées (si je ne me comporte pas de telle ou telle manière, ils me jugeront, et je perdrai leur amour)
  • Si une personne ne prend pas de plaisir (même si elle ne semble pas être contrainte), il y a généralement une sorte de problème - soit une forme de contrainte ou d'obligation cachée (voir ci-dessus), soit une déconnexion. La déconnexion peut provenir d'un problème invisible de consentement, ou simplement de goûts et de goûts différents entre les personnes impliquées, ou d'un problème interne (une difficulté momentanée à profiter du moment ; ou un traumatisme plus profond survenant). En tout cas, je conseillerais de tout arrêter, de régler le problème et de trouver un moyen de revenir à une interaction mutuellement agréable.

Comme vous pouvez le voir, il existe des cas où il faut creuser l’information – car même si la règle est simple, certaines situations ne sont pas si évidentes.

Et il convient de noter que ne pas dire « non » ne veut pas dire « consentir », ni même accepter. Si l'on se sent en danger, on peut avoir le réflexe de se figer, ne pas se sentir capable de faire quoi que ce soit, ou on peut avoir le réflexe d’essayer d'apaiser son vis-à-vis en espérant qu’il ne nous fera pas trop de mal...

C'est pourquoi la meilleure règle de consentement est « enthousiaste ». Si on exprime de l'enthousiasme et du plaisir, c'est bon signe


Quand y a-t-il un manquement au consentement... ou un risque ?

Il y a des degrés dans un problème de consentement. Certaines situations sont des « bris de consentement » manifestes et, dans le cas des relations sexuelles, sont des viols évidents :

  • Violence directe (par la force physique, ou la menace directe, ou la non prise en compte du « non »...)
  • Menaces et chantage (si vous ne faites pas ceci, je ferai quelque chose que vous ne voulez pas : tuer votre chiot, ou mettre vous faire licencier, ou révéler des informations sensibles...)
  • Menaces de la part d'un tiers (si vous ne faites pas ceci avec mon ami, je vous ferai du mal... comme du chantage, mais celui qui " en profite " peut ou non savoir que vous êtes sous contrainte)
  • Surprise (vous ne saviez pas ce que j'allais faire ; ou je l'ai fait très différemment de ce que vous aviez prévu... ce qui dans le sexe peut être un énorme problème)

Certaines situations peuvent ne pas sembler aussi claires, mais posent de gros problèmes éthiques. C’est le cas en particulier des situations d'obligation ou de vices du consentement :

  • Chantage émotionnel (si tu ne fais pas ça, je ne t'aimerai pas autant...)
  • Pouvoir direct (je suis votre patron, ou je contrôle votre accès à une ressource dont vous avez besoin - de l'argent, une carrière, des papiers, un moyen de transport pour rentrer chez vous...)
  • Jugement obscurci (vous êtes trop ivre pour prendre une décision éclairée...)

Et il y a des cas qui ne sont pas forcément intrinsèquement problématiques mais très risqués :

  • Asymétries de pouvoir indirectes – différence d'âge, de richesse, de statut social... (Exemples : adulte avec adolescent, millionnaire avec classe moyenne, enseignant avec étudiant, rock star avec admirateur, policier avec citoyen, politicien avec citoyen lambda...)
  • Il y a aussi la question des malentendus (on s'était mis d'accord pour faire quelque chose, je pensais que cela voulait dire ceci, vous pensiez que cela voulait dire cela...)

Dans certains cas d'asymétries de pouvoir, il peut arriver que tout le monde soit content et y prenne plaisir. Ainsi, beaucoup de gens aimeraient passer une nuit avec une rock star qu'ils admirent... Cependant, même si tout le monde est content au début, il faut être très conscient des risques de la situation, liés à la dynamique de pouvoir :

  • Risque de non sincérité : mon admiration (ou ma volonté d'impressionner, ou mon sentiment de doute) peut me conduire à accepter des choses qui ne me conviennent pas, ou à masquer mes appréhensions.
  • Risque d'abus : le plus souvent, une asymétrie de pouvoir conduira à des situations proches du chantage : la personne avec plus de pouvoir peut user de son prestige pour forcer l'autre, que ce soit explicite ou implicite. On sait tous que des personnes puissantes ont peu de chances d’être inquiétées en cas d’abus si elles ont obtenu un consentement initial.
  • Dans tous les cas, les asymétries de pouvoir sont sujettes à des malentendus. Il n'est pas étonnant que les personnes les plus puissantes se marient à l'intérieur de leur cercle social : cela assure la sincérité des sentiments entre partenaires.

Par conséquent, dans n'importe laquelle de ces « zones asymétriques », il est très important pour les deux d'être conscients de la dynamique du pouvoir et de s'assurer que les deux gardent leur libre arbitre et prennent réellement du bon temps tout au long. S'il y a le moindre doute, il y a un problème. Et ce problème peut très bien être un cas de viol (on parle de « viol par posture d’autorité »).

Dans le cas de la prostitution (et de la pornographie), la relation employeur-employé (ou client/fournisseur) est de facto une relation de pouvoir direct. Même si on ne tient pas compte de la possibilité que l'« employé » agisse sous la menace d’un proxénète (auquel cas le client est de facto impliqué dans un viol, cas 3), l'asymétrie de pouvoir et l'état d'« obligation » sont exorbitants. Le travail, cela implique des contraintes, le sexe sous contrainte, c’est… Sans compter que si je dois payer, cela veut dire que l’autre ne le ferait pas spontanément - donc ce n'est pas un consentement enthousiaste. La situation me semble donc intrinsèquement incompatible avec un consentement authentique.


Soyons égoïstes un instant : cette règle du consentement est-elle bénéfique pour vous et moi ?

Mon expérience a montré que la réciprocité est la clé d'un plaisir plus profond – ce qui implique un désir enthousiaste, libre et sans contrainte de la part des deux partenaires.

De plus, plus votre partenaire aime ce qu'il fait avec vous, plus il/elle sera prêt.e à le refaire. Esther Perel affirme que "les femmes ne se lassent pas du sexe, elles se lassent des relations sexuelles ennuyeuses" - et il n'y a rien de plus ennuyeux que ce que vous faites quand vous n’en avez pas envie.

Par ailleurs, une relation sexuelle sans réciprocité peut conduire le « bénéficiaire » à se sentir très frustré, et éventuellement à ressentir quelque chose qui ressemble à de l’addiction : plus on le fait, moins on ressent de satisfaction...

J'ai passé quelque temps à essayer de comprendre la dynamique derrière nos désirs et comment les accomplir peut être nourrissant ou non : c'est l'objet de cet article sur la frustration, le désir, l'addiction et la satisfaction de nos besoins les plus profonds.

Dans un autre registre, le sexe est une connexion intime avec un partenaire... et avec soi-même ! J'ai trop de respect pour mon pénis pour le confier à quelqu'un qui s'en fout !

Donc, oui, le respect du consentement est primordial pour une vie sexuelle satisfaisante.

 

Le consentement en dehors du sexe.

Le consentement est partout.

Même en dehors du sexe, j’aurais tendance à vous conseiller de vous assurer que tout le monde est à l'aise avec les interactions que vous avez avec eux. C’est encore plus le cas avec les enfants. Parfois, je peux avoir un moment ludique avec quelqu'un, mais, sans que je m'en rende compte, quelque chose le/la met mal à l’aise. Vérifier régulièrement, et permettre à l’autre de recadrer l'interaction, est primordial pour une qualité de relation. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l'espace corporel - se sentir envahi ou se sentir autorisé à prendre l'espace dont on a besoin peut avoir un impact radical sur le sentiment de confiance, et nous avons tous des limites différentes.

Le consentement est la règle de base de la morale et de la vie en société... Cependant, « dans la vraie vie », il y a beaucoup de « zones grises », de conventions sociales, de non-dits qui semblent « aller de soi ». Les conventions sociales ne sont que cela : des raccourcis. On ne peut pas passer son temps à demander le consentement de tout le monde sur tout. Cela prendrait trop de temps, rendrait les choses trop compliquées. On ne peut pas demander à tout le monde, à chaque fois, avant de faire quoi que ce soit ! Ou... peut-être que si ?

Cela peut être un exercice intéressant à essayer de temps en temps, pendant quelques dizaines de minutes. En effet, certaines conventions sociales peuvent mettre certaines personnes mal à l'aise tout au long de leur vie quotidienne, simplement parce que certains actes et gestes sont censés être "normaux" et attendus... et de fait, c'est l'une des pierres angulaires majeures du progrès sociétal : les choses que l’on fait parce qu'elles ont toujours été faites, et font en fait du tort à certains sans que l’on s’en rende compte (du moins, ceux qui n'ont pas à les subir). La plupart des progrès sociétaux ne sont que cela : on arrête de faire des choses quand on se rend compte que cela cause du tort à autrui – par exemples : blagues racistes, harcèlement de rue, violences conjugales, discours désobligeants... Ou même (dans un passé lointain), le fait de recourir à un système de lois codifié au lieu de la tyrannie du plus fort sur le reste de la tribu !

Avez-vous remarqué que les gens qui ont travaillé dans un domaine spécifique, comme la vente, la restauration, etc. se comportent différemment vis-à-vis des employés de ce domaine par la suite ? C'est le pouvoir de l'empathie – une notion très proche du consentement.

En tout cas, dans notre vie quotidienne, essayer de mettre plus de conscience dans le consentement (libre et enthousiaste), en respectant les souhaits de l'autre, ou son confort, peut être un grand pas dans l’amélioration de nos relations - et un sens plus profond de notre propre valeur intérieure. Cherchez des indices dans leurs yeux, dans leur langage corporel, vérifiez et, en cas de doute, posez la question. En fait, même si vous êtes sûr, poser la question peut vraiment vous surprendre. Parfois, on accepte des choses parce qu’on pense qu’on est censé les accepter, et on peut se conformer à contrecœur à une demande qui n'a pas vraiment d'importance pour l'autre. Pire encore, parfois on fait des efforts pour proposer quelque chose, et l'autre personne s'oblige à l'accepter (exemple : je me rase, fais ma toilette et me parfume avant de rencontrer une femme, ce qui est un effort que je fais pour elle - mais je peux découvrir que telle femme aime mon odeur naturelle et/ou me préfère mal rasé).

J'ai remarqué que depuis que je développe ma sensibilité au consentement dans la sexualité, je prends de moins en moins les choses pour acquises autour de moi ; et cela a fait de moi une meilleure personne au quotidien. De votre côté, vous remarquerez peut-être que prêter attention au consentement des autres - et le respecter - renforcera votre charisme, et donc votre vie sociale.

  • Sur la prostitution, je ne prétends pas être un expert, bien qu’ayant rencontré plusieurs cas. Je m’en remets à l’avis de personnes mieux informées que moi, et notamment d’organisations à but non lucratif qui ont une approche fondée D’UNE PART, sur des données empiriques vérifiées ET D’AUTRE PART la prise en compte des témoignages de personnes qui ont vécu sa réalité.
    Exemple : « Survivors 4 Solutions » : https://www.survivors4solutions.com/
    « SPACE » (Survivors of Prostitution Abuse Calling for Enlightenment) https://www.spaceintl.org
    Je crois que les réalités derrière la prostitution et la pornographie sont variées. Je crois que certaines personnes ont volontairement choisi une activité professionnelle qui inclut du sexe, et celles-ci ne devraient pas avoir à subir insultes ou préjugés.
    Je crois aussi que certaines personnes, en particulier des femmes et des enfants, sont victimes de l’esclavage le plus atroce, et qu’elles devraient en être protégées. Je considère que « n’avoir pas d’autre choix » pour cause de pauvreté et de structures sociétales n’est pas très différent de la coercition. Et une relation sexuelle subie sous la contrainte ou la coercition, c’est en soi la définition du viol.
    Je pense qu’il est difficile de connaître la proportion de la traite des êtres humains au total – d’autant plus qu’il y a des degrés. Cependant, les sources les plus sérieuses affirment que les victimes de la traite sont au minimum majoritaires.
    Je pense également que qu’un massage intime destiné à guérir effectué par un professionnel est très différent de « payer pour baiser », qui est également différent d’une séance BDSM. Le tabou autour du sexe fait que différentes choses sont étiquetées de la même façon, ce qui crée de la confusion – et des conflits entre personnes de bonne volonté.
    Une personne qui rame dans une galère n’a pas la même vie que celle qui supervise les moteurs d’un yacht, quoiqu’il s’agisse de « marins » dans les deux cas, aucun ne peut prétendre connaître l’expérience de l’autre. Le statut d’homme libre ou d’esclave y ajoute une autre dimension.
    Dans tous les cas, je crois que l’esclavage sexuel est pire que n’importe quel autre forme d’esclavage – parce qu’un viol, c’est bien plus grave qu’une mauvaise journée de travail.
    Je crois qu’acheter du sexe à quelqu’un qui le fait sous la contrainte est un acte condamnable. Je pense également qu’il est très difficile, voire impossible, pour un tiers (en particulier un client) de déterminer si une prostituée est ou non une victime de la traite.
    Je sais que les victimes de la traite ne diront PAS la vérité sur leur situation à des étrangers (clients, médias, police…). Les personnes qui sont contraintes sont généralement contraintes au silence.
    C’est le même mécanisme que l’on peut observer chez la plupart des victimes de violence domestique ou de maltraitance parentale : celles-ci nient les violences (par peur des représailles, par manque de confiance dans les étrangers, par peur de l’inconnu, voir pour des raisons psychologiques complexes). J’ai appris de sources fiables que la traite d’êtres humains est un système complexe, soigneusement dissimulé et invisible pour nous, et utilise ses propres victimes pour échapper à la détection. Par conséquent, je crois qu’un compte rendu fiable de la réalité ne peut venir que de personnes qui l’ont vécue mais NE SONT PLUS dans la situation – à quoi doivent s’ajouter des données solides et vérifiées (science, statistiques provenant de sources fiables), bien au-delà du niveau individuel.
    Je pense que nos intuitions individuelles sont généralement trompeuses sur la plupart des sujets, y compris celui-ci. De plus, je ne pense pas qu’une seule personne – moi y compris – puisse complètement comprendre les nombreuses réalités du commerce de sexe, leur complexité, ou leurs implications. Nos esprits sont paresseux et faillibles, et nos informations sont toujours incomplètes. Le fatalisme et les vœux pieux sont souvent l’état par défaut de notre réflexion. Les solutions « évidentes » à un problème sont rarement, voire jamais, des solutions réelles. C’est souvent le cas pour des situations que nous vivons nous-mêmes, et encore plus pour des réalités que nous n’entrevoyons qu’à leur surface.
    D’après ce que je comprends des témoignages de personnes qui ont étudié la question avec une certaine objectivité, il semble que le « modèle nordique » s’est avéré le système légal le plus efficace à la fois pour diminuer le trafic et diminuer la violence contre les femmes dans la prostitution.
    Je le répète, il s’agit d’un sujet où mes informations et mon opinion proviennent de personnes qui me semblent mieux informées que moi.

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