kink

Last updated on décembre 6, 2023

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La réponse courte est "pour la plupart des gens, non, mais il peut être utile de faire le point."

Esther Perel dit : « la première zone érogène se situe entre les oreilles ». En effet notre imaginaire, nos fantasmes, nourrissent notre vie érotique, alimentent notre libido, et déterminent nos vies sexuelles.

Nous avons tous des fantasmes et des désirs. Et certains de nos fantasmes sont vraiment étranges – même à nos propres yeux ! En fait, nos fantasmes sexuels sont un moyen pour l'esprit de transformer des expériences douloureuses en énergie vitale. Ils sont un mécanisme de survie, et très efficace ! Ils sont nécessaires pour nous garder sains d'esprit et équilibrés dans la vraie vie. En avoir honte, ou essayer de les supprimer, est en fait nocif pour notre santé mentale !

Confondre ces fantasmes avec des désirs réels est tout aussi insensé.

 

  1. La différence entre « kink » et « fantasme »

Nos fantasmes érotiques se manifestent de trois manières (en fait, deux et un spectre) :

  • Ce que nous avons vraiment envie de réaliser et que nous apprécions de vivre réellement. Ce sont de véritables "désirs".
  • Ce qui relève du « pur fantasme », destinés à rester dans notre tête et jamais mis en pratique. Souvent, nous nous masturbons en pensant à des scénarios qui nous sembleraient absolument dégoûtants dans la vraie vie ! Ces « fantasmes purs » sont très éloignés de notre vraie vie sexuelle, ou de nos désirs réels. Ils sont notre transgression intérieure.
  • Des fantasmes que nous souhaitons peut-être essayer, mais nous ne savons pas à quel point nous les aimerions. Une fois essayés, ils entreront dans l'une des deux autres catégories, mais pour l'instant ils sont séparés – « terrain d'exploration ».

On parle de « kink » pour désigner un désir réel, une pratique que l'on apprécie réellement dans le sexe (et que la plupart des autres trouveraient désagréable).

Tous nos fantasmes ne sont pas de vrais désirs. Au contraire, nombre d’entre eux sont nos cauchemars. Et le cliché médiatique courant « si vous n'êtes pas satisfait, essayez simplement d'ajouter du piment » est stupide, faux et nuisible. Le kink n'améliorera votre satisfaction que si c'est votre désir réel. Adopter des pratiques qui ne sont PAS un désir réel pour l'un ou l'autre des partenaires sera non seulement douloureux, mais peut même être traumatisant – et peut nuire à la relation.

Cependant, explorer et mettre en œuvre vos désirs réels, y compris les « kinks », est le meilleur moyen de libérer des dimensions entières de plaisir partagé – tant que toutes les personnes impliquées en ont vraiment envie.

Les "Kinks" peuvent être une expression saine de notre érotisme.

Cependant, un fantasme kinky est quelque chose que vous ne devriez PAS faire sans le consentement préalable, explicite et SPÉCIFIQUE des DEUX parties. Le consentement signifie que toutes les parties impliquées savent à l’avance ce que l’on va faire, choisissent d’y participer en conscience, et apprécient vraiment. Du Kink sans consentement c’est de l’agression, de l’abus, ou même du viol.

 

  1. Mais qu'est-ce qu'un Kink, en fait ?

Tout ce qui pourrait être considéré comme agressif dans d'autres circonstances est soit un kink, soit une agression, y compris des choses qui peuvent être considérées comme "anodines" ou "normales" parce que nous les voyons dans le porno, comme la fessée ou les insultes ! (Ce qui rend la communication sur le sexe un peu difficile, car nous avons si peu d'options linguistiques). Beaucoup de gens ont certains goûts un peu "coquins" ou uniques, et chacun a ses propres goûts. Assurez-vous simplement au préalable que vous êtes sur la même longueur d'onde.

Mais si une majorité de gens a envie d'essayer occasionnellement une pratique un peu "limite", c'est seulement une minorité aime réellement les pratiques de domination/soumission, de jeux sadomasochistes autour de la douleur, ou de pratiques intenses de restrictions de mouvement (ce qu'on regroupe sous le terme "BDSM", les pratiques que l'on imagine avec cravaches, fouets, cordes, menottes, etc.).

La plupart des gens qui pratiquent le BDSM sont extrêmement pointilleux sur le consentement ("50 nuances" est un pur fantasme, loin de la vérité). Ce qui signifie que ceux qui ont des pratiques très étranges et apparemment douloureuses avec des jouets effrayants ne le vivent PAS comme une violence, et sont rarement victimes d’abus au sein de leurs jeux.

En revanche, frapper les fesses de sa petite amie sans lui avoir demandé à l’avance si ça lui plaît EST une forme de violence (comme la plupart des trucs porno). Comme partout ailleurs, le consentement change tout : si j'adore les araignées, je serai ravi que vous me mettiez une tarentule dans la main, si j'en suis phobique, mettre une petite tisserande sur mon pantalon est une agression.

Pour donner un exemple qui semblera pertinent pour les hommes : il y a quelques années, j'ai eu une relation sexuelle avec une femme que je venais de rencontrer. À un moment donné, elle m’a proposé une fellation. Quelques secondes plus tard, elle a mordillé mon gland dénudé avec ses dents. Elle m'a mordu ! C'était incroyablement douloureux. C'était son « kink » – et pour moi c'était une agression. Sa morsure était probablement peu profonde, il n'y avait pas de sang, pas même une marque – mais cela m'a pris plusieurs jours avant que je puisse à nouveau ressentir du désir dans mon pénis. J’ai bondi hors du lit sous la douleur et je n'ai pas pu continuer. Elle s'est contentée de rire, commentant qu'elle savait maintenant à quel point j'étais sensible. Ce qui était « amusant » pour elle était traumatisant pour moi.

Ma réaction, cependant, est également intéressante à un autre niveau : je ne lui ai pas dit sur le coup que ce qu'elle avait fait était un acte de violence – ce qui était pourtant le cas ! J'ai arrêté l'interaction sur le champ et je ne l'ai plus jamais laissée entrer dans ma vie. Beaucoup de femmes réagiront aux pratiques douloureuses ou humiliantes comme je l'ai fait : considérer cela comme abusif et dégradant, perdre tout désir sur le moment (et pendant un certain temps après), et mettre l'auteur de l’acte sur leur liste « plus jamais ». Le cas échéant, j'en aurais peut-être parlé à des amis, en mode "évitez cette personne".

Donc, si vous vous couchez avec quelqu'un, je vous conseille fortement de discuter de ce qui l’excite et de ce qui lui déplaît avant de réaliser vos fantasmes.

 

  1. Comment savoir si j'ai besoin de plus de piment dans ma vie sexuelle ?

Laura Pynson a identifié 6 « Erotypes » ; dont voici un (court) résumé :

  • Primal : part d’un désir immédiat, instinctif, voire insatiable - rapidité, fréquence, « animal ». Apprécie souvent la stimulation génitale, la pénétration, les orgasmes locaux.
  • Sensitif : est plus sensible à une stimulation lente et douce, une connexion tendre et un environnement de confiance. Cela s’accompagne souvent de stimulation des 5 sens : toucher sensuel, parfum, musique… l'environnement est important, l'ambiance également.
  • Éthéré : cherche une connexion spirituelle et subtile avec le partenaire. Apprécie l'anticipation, l'espace, la prise de temps, la découverte… et, souvent, des pratiques « énergétiques » (tantra, taoïsme...). C'est une quête de subtilité, d'élévation.
  • Transgressif : trouve l’excitation par le tabou, la transgression. Cela se traduit souvent par des pratiques autour de la douleur ou du pouvoir (BDSM), mais pas forcément : il s’agit surtout de la stimulation par la scénarisation, la créativité.
  • Versatile : a besoin de tout cela pour être vraiment satisfait.e - peut s'adapter à n'importe quel partenaire mais est difficile à satisfaire.
  • Sublimé : exprime son énergie sexuelle dans des pratiques qui ne sont pas cantonnées à la relations sexuelle, tels que des projets communs (maison, enfants, projet professionnel…), le domaine artistique, ou une quête spirituelle… 

La plupart d'entre nous exprimons TOUS ces érotypes, mais sous différentes formes et intensités, et à des moments différents de notre vie (voire, de la journée et de l’interaction). Ainsi, il n’est pas rare que l’on puisse commencer une soirée en amoureux en mode éthéré, puis glisser vers le sensitif, et une fois l’excitation à son paroxysme, aller vers du primal, voire un mélange de primal et de transgressif.

La plupart d'entre nous ont une ou deux dominantes : des pratiques que nous préférons, ou dont nous avons besoin pour être sexuellement satisfaits. Le site Web de Laura Pynson (cliquez sur le lien) propose un test gratuit pour voir quel est / quels sont votre / vos érotype.s dominant.s. Savoir ce qui vous anime le plus et ce à quoi votre partenaire est le plus sensible est extrêmement utile pour communiquer et assurer une satisfaction mutuelle.

Cependant, très peu de gens sont complètement focalisés sur un seul type d'interaction. Et beaucoup de gens, probablement la plupart, ont une ou des pratiques dans chaque domaine (y compris transgressif) qu'ils aiment ou aimeraient – que ce soient des désirs, des « fantasmes d'exploration », ou même des choses qu'ils pratiquent réellement et qu'ils ne considèrent pas comme transgressives (mais sont transgressives aux yeux d'autres).

 

  1. Et maintenant ?

Tout d'abord : explorez vos fantasmes sexuels, et essayez de comprendre s'ils sont en fait juste "imaginaires" ou si vous avez vraiment envie de les réaliser. Discutez-en avec votre (vos) partenaire. N'essayez jamais d'imposer un fantasme à un partenaire - et ne laissez jamais l'autre essayer de vous convaincre d'essayer quelque chose qui vous met mal à l'aise.

Le prochain article portera sur l'essai de ces fantasmes transgressifs "dans la vraie vie" : suivez le lien.

Mais la première chose INDISPENSABLE est de savoir ce qui est un désir réel et ce qui devrait rester dans le jardin secret de votre imagination. Réaliser un scénario qui n'est pas vraiment un désir peut apporter plus de problèmes que de plaisir, voire même mener à un traumatisme.

Mon conseil est de trouver du plaisir sans douleur avant de tester autre chose. On peut aimer la nourriture pimentée, mais si on ne mange que cela, on finit par perdre l'usage du goût, et sévèrement diminuer nos capacités de sensibilité gustative. Le fait d'ajouter de l'excitation par le scénario ne devrait en aucun cas être une façon de compenser le manque de plaisir et d'intimité réelle, ce serait la voie vers une course à la frustration.

Et, chaque fois que vous essayez quelque chose qui peut être difficile émotionnellement ou physiquement douloureux, prenez beaucoup de précautions de sécurité !

 

  1. Quelques remarques :

"50 nuances" n'est pas une bonne introduction au BDSM. C'est une relation abusive et assez malsaine. La plupart des gens dans le monde BDSM ont de hautes exigences en matière de consentement et de respect, et détestent aussi bien le film et le livre.

Quel que soit votre érotype, donner des orgasmes à votre partenaire n'est pas seulement une question d’érotype! Bien des compétences seront transférées d'un univers à l'autre, même s'il y a des questions de compatibilité. Quelle que soit votre inclinaison, il est toujours utile de perfectionner vos compétences, votre écoute, votre attention.

Un cliché médiatique courant est que si votre vie sexuelle n'est pas satisfaisante, ajoutez simplement un peu de BDSM - ce qui est bien sûr faux et surtout dangereux. En fait, la plupart des personnes « kinky » sérieuses s'assureront que vous ne vous aventurez que dans des choses qui sont dans votre spectre de « désir » réel (ce qui est un bon moyen de voir à quel point une personne est fiable).

Un autre cliché courant est de demander : "êtes-vous ouvert d'esprit ou plan-plan ?" C'est le plus souvent une tentative de manipulation. Si quelqu'un essaie cela sur vous, c'est qu'iel essaie de vous pousser à accepter ses fantasmes par la manipulation, sans tenir compte de votre désir réel. C'est une méthode de pervers narcissique. Fuyez.

En fait, aucun modèle n'est meilleur ou moins bon que les autres – tant que l’on respecte l’autre. Tenez compte de vos préférences, assurez-vous que vous vous sentez respecté.e et respectez votre partenaire, affinez votre compréhension mutuelle et votre propre conscience, et explorez ce qui vous rend vraiment heureux et orgasmique. C'est là que la taille de votre expertise compte vraiment.

Questions:

  • Aviez-vous déjà réfléchi à la différence entre "désir transgressif" et "pur fantasme" ?
  • Savez-vous quels érotypes vous stimulent le plus ?
  • Avez-vous des « kinks » particuliers ou des fantasmes que vous souhaiteriez peut-être réaliser mais sans en être sûr ?
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