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Last updated on avril 6, 2022

Temps de lecture moyen : 9 minutes.

C'est un stéréotype classique : les hommes sont toujours avides de sexe (ou sont censés l'être), et dès qu'ils rencontrent une personne susceptible de les attirer, ils pensent toujours à coucher avec elle. Pourquoi ? S'agit-il uniquement de stéréotypes de genre ? Eh bien, pas seulement. 


1. Le toucher est un besoin naturel pour tous les humains - et un signe d'amour

Tout d'abord, les hommes sont des êtres humains. (Je sais, cela peut choquer certaines d'entre vous 😉 ). 

Les êtres humains ont besoin d'affection et de toucher. Il y a eu une expérience tristement célèbre des jours les plus sombres de l'URSS, où l'on a donné à des bébés ce qu'il y avait de mieux en termes de nourriture, de confort, de besoins biologiques de base, mais aucune interaction humaine - et tous ces bébés sont morts en quelques semaines. Les relations, le contact humain, le contact physique, sont un besoin humain fondamental et vital, au même titre que la nourriture. 

Note : Bien que nous ayons besoin d'un contact positif, il semble que le contact négatif soit toujours préférable à l'absence totale de contact, d'où des effets vraiment inquiétants dans certains cas pathologiques. 

 

2. Les croyances sociales et les stéréotypes de genre

Dans nos sociétés, les stéréotypes affirment que, dès qu'un homme touche quelqu'un, cela a une signification sexuelle (ou une intention violente, ou les deux). 

De plus, les hommes sont censés être "durs", et non "doux" - et les câlins, les caresses, etc. sont supposément destinés aux femmes et aux jeunes enfants.

Ces deux facteurs se combinent : si vous avez l'air d'un homme, tout contact sera jugé en fonction de ces attentes.

La meilleure façon de voir ce stéréotype stupide est d'écouter des personnes qui méprisent la masculinité et qui en parlent. Souvent, ils parleront de football ou d'autres sports collectifs, et se moqueront de la façon dont les joueurs se réjouissent après avoir marqué. L'implication est que ces mouvements collectifs de joie ont quelque chose de "gay". Ce n'est pas gay, c'est simplement gai, dans le sens où c'est joyeux, pas dans le sens d'une attirance sexuelle. 

 

3. Prophéties auto-réalisatrices et cercles vicieux

Mais si, à chaque fois que l’on touche quelqu'un, cela est interprété comme sexuel, on en vient à éviter de toucher qui que ce soit, sauf si on a réellement une intention sexuelle. Par conséquent, on touche très peu de gens. Par conséquent, on est privé de contact, sauf lorsqu’on recherche de la sexualité. 

Donc, on touche les autres uniquement quand on a un désir sexuel, ce qui réalise la prophétie et rend le stéréotype social plus réel.

Mais le toucher positif est un besoin humain fondamental - et c'est un besoin inconscient, animal. Ainsi, les hommes ont l'impression (à tort) qu'ils ont faim de sexe - alors qu'ils n'ont besoin que de l'équilibre hormonal que procure le contact humain. Ils sont à l'affût d’opportunités sexuelles, car le sexe est le seul moyen de satisfaire leur besoin de contact et de relation. En général, un homme n'est PAS conscient que cette "pulsion sexuelle" est en surrégime à cause de son besoin de reconnaissance et de contact, il croit sincèrement que c'est la gratification sexuelle qu'il recherche.

Il n'est pas facile de distinguer l'articulation entre nos besoins et aspirations les plus profonds, et les désirs qui sont présents à notre conscience : si vous voulez le comprendre et éviter le piège des désirs trompeurs, voir cet article.

En outre, le fait que le toucher d'un homme soit généralement perçu comme sexuel ou brutal (ou les deux), fait que les femmes risquent de percevoir tout toucher d'un homme comme tel - donc, probablement pas le bienvenu. Ce qui constitue un élément dissuasif supplémentaire : si je veux être respectueux, je m'abstiendrai de ma tendance naturelle à toucher les gens.

De plus, de nombreuses femmes ont vécu le traumatisme d'un toucher non désiré et intrusif. Elles se méfieront d'autant plus du contact. Ce qui, à son tour, renforcera la privation de contact chez les hommes. En outre, la prise de conscience récente des agressions sexuelles (#metoo) rend les hommes et les femmes encore plus méfiants à l'égard des contacts non désirés entre hommes et femmes, ce qui rend encore plus rares les contacts positifs spontanés.

Par conséquent, la grande majorité des hommes qui oseront toucher une femme seront ceux qui ont une véritable motivation sexuelle... ce qui renforcera les stéréotypes et les attentes sociales... et donc le fossé entre les sexes.


4. Différences entre les genres et coût de la domination masculine

Le prix de la domination masculine est exorbitant, pour les hommes eux-mêmes.

Les femmes se touchent les unes les autres à longueur de temps - et j'entends par là des touchers agréables et positifs, des gestes de renforcement, de soutien, y compris des touchers non sexuels sur des zones sexuellement chargées (fesses....). Les hommes font très peu de choses de ce genre. Pire encore, les injonctions de la "masculinité" font que les rares touchers entre eux doivent être brefs et quelque peu "rudes", de peur qu'ils ne soient interprétés comme sexuellement gais. Dans le cas rare d'un câlin (étreinte), celui-ci sera rarement détendu, et les gestes des mains ne seront pas des caresses ou des mains posées mais des tapes affectueuses. Ainsi, les rare expériences de toucher ne seront pas assez douces et profondes pour nourrir notre besoin d'ocytocine.

Pire encore, comme tout contact peut être interprété comme sexuel, ils sont en vigilance constante pour NE PAS toucher positivement, et même lorsque cela arrive, ils ne peuvent pas se détendre complètement - ils doivent être à l'affût de l'interprétation de leur intention par les autres. Par exemple, lorsque ma filleule me prend dans ses bras pour me faire des câlins, je ne peux m'empêcher d'être très vigilant que personne n'interprète mes gestes comme sexuels. Cela m'empêche de me détendre complètement dans son étreinte. Il en sera de même avec toute amie qui n'est pas célibataire (jalousie), une femme (mauvaise interprétation de mon intention), un homme (être perçu comme gay)...

Tout cela vient d’interprétations culturelles ! Les personnes qui se sont trouvées des deux côtés du genre social (les personnes trans qui ont atteint le point de "passer", ou les expériences sociales telles que "Self Made Man" de Norah Vincent) rapportent combien cela est différent selon le genre perçu. 

Bien sûr, la plupart des hommes ont quand même une forme de contact physique positif dans leur vie quotidienne. Mais dans des proportions beaucoup trop faibles ! Selon mes lectures, nous avons besoin de 20 minutes de plein contact par jour pour l'équilibre hormonal, et cela veut dire un vrai câlin, avec abandon - généralement les premières minutes d’un « hug » ne comptent pas parce que nous sommes trop tendus... sans compter la pression sociale sur les hommes. 

La seule façon pour les hommes d'être physiquement en contact avec d'autres personnes en dehors du sexe est de vivre des expériences "rudes", comme les arts martiaux, le rugby, ou tout simplement la bagarre. Avez-vous remarqué que les rugbymen et les adeptes d'arts martiaux sont plus calmes et détendus que la moyenne des hommes ? 

Enfin, malheureusement, si un homme est plus agressif, il aura plus d'occasions de contact physique (même si cette même tendance se mettra en travers d'autres besoins). Ce qui crée une association très toxique dans notre esprit entre l'agressivité et la sexualité.

 

5. La différence entre sexualité et toucher positif.

Ne nous méprenons pas : le toucher positif est un besoin, très différent du plaisir réel que l’on éprouve dans la sexualité. Les gestes sympathiques tels que ceux que l'on trouve dans un environnement féminin ne sont pas sensuels, ils ne provoquent pas le même plaisir que le contact sexuel érotique. 

Le sexe est la source d'une connexion intime qui est un besoin, et d'une gratification physique agréable qui est un désir naturel et universel. Tous les êtres humains ressentent ces deux aspects (même si le second est parfois réprimé).

Mais comme, culturellement, les hommes ne sont pas habitués à voir un toucher positif sans sexe, ils ne peuvent pas faire la distinction entre le besoin archaïque de contact et le désir érotique de gratification sensuelle. Et même les personnes trans qui sont perçues comme des hommes ont la même privation, car c'est le comportement des autres qui crée cette privation. 

D'autre part, la plupart des femmes ont besoin de ressentir de la confiance avant d'avoir des rapports sexuels. Et la confiance se construit par un toucher positif (agréable et bienvenu). (En fait, pour accéder au plaisir sexuel, nous avons tous besoin d'une certaine confiance dans le fait que l'interaction sera agréable, mais la plupart des hommes ont cette confiance a priori, alors que les femmes courent le risque de relations douloureuses).

 

6. Conséquences de la privation de toucher et de la dépendance au sexe :

Les hommes souffrent d’une carence chronique de toucher positif. Ils vivent toute leur vie avec ce besoin humain fondamental refusé d'une manière ou d'une autre. Cela entraîne une insatisfaction profonde et inexpliquée, qui peut avoir un impact sur le bonheur et la capacité à se connecter à autrui. Cela entraîne également une carence en ocytocine, ce qui a un impact supplémentaire sur leur capacité à créer des liens et à faire confiance.

Les normes culturelles étant si profondément ancrées que la plupart les considèrent comme "naturelles", la plupart des hommes n'ont même pas la possibilité de voir d'où vient cette frustration, ou de la distinguer d’autres désirs. Le besoin de connexion et de toucher, l'aspiration à l'intimité et le désir de plaisir sont tous entremêlés. C’est cette confusion qui conduit à l'idée de "besoins sexuels", ou même aux idées tordues de "droits sexuels" que l'on trouve dans certains mouvements misogynes extrêmes.

Tout cela peut également conduire à toutes sortes de problèmes, y compris la dépendance, la dépression ou l'agression - certains hommes rechercheront simplement le contact négatif (la violence), car il est beaucoup plus facilement accessible que le contact positif.

Cela entraîne également des enjeux beaucoup plus importants associés au sexe, à l'éventualité qu'une interaction sociale débouche ou non sur un rapport sexuel. Même si la plupart d'entre nous n'en ont pas conscience, l'activité sexuelle joue quatre rôles pour un homme - et le sexe est presque la seule source des trois premiers :

  1. Assouvir leur soif de contact humain (toucher et être touché)
  2. Accéder à une authentique intimité (les relations sociales des hommes ne laissent pas assez de place à la vulnérabilité pour que l’intimité soit ressentie),
  3. Ressentir les gratifications du plaisir charnel (et là encore, les standards de masculinité ne laissent pas beaucoup de place à des sensations tactiles agréables).
  4. Plus, un renforcement de leur statut et du respect, non seulement auprès de la femme séduite, mais aussi des autres hommes.
  5. De plus, les hommes ne se sentent entièrement acceptés que lorsque leur pénis l'est aussi - et l'accueillir à l'intérieur de soi est une validation complète de l'homme (alors que les femmes ont l'effet inverse, à savoir qu'elles ne peuvent être sûres d'être complètement validées que lorsque leur moi non sexuel est accepté aussi).

Cela fait beaucoup de pression pour une seule situation !

Cela les conduit à plus de frénésie dans leur recherche de partenaire - souvent au détriment de la qualité de la connexion, d'où le malentendu "friendzone" / "fuckzone".

Cependant, beaucoup d'hommes trouvent les câlins et la tendresse non sexuelle frustrants, et ce pour plusieurs raisons :

  • La norme culturelle les a amenés à croire que le désir de toucher d'un homme vient de sa sexualité et que, par conséquent, le contact sans sexe (satisfaction du pénis) est en quelque sorte "non valide".
  • Ils sont si profondément affamés qu'aucune quantité de câlins ne les rassasiera vraiment. Lorsqu’on est privé de nourriture depuis des lustres, on ressent toujours la faim après un repas, et on risque même une indigestion puisque le système n'est pas habitué à intégrer la nourriture.
  • Le sexe est plus intense que les autres formes de toucher (il nourrit notre besoin, mais aussi notre aspiration au plaisir). De même qu'une personne qui ne mange que des plats très épicés ne pourra pas goûter la bouillie, le plaisir des câlins peut être trop "léger" pour être ressenti.
  • Fondamentalement, tout contact physique agréable est associé au sexe dans leur esprit - par culture et par expérience. Par conséquent, le désir sexuel surgira chaque fois qu'ils feront l'expérience d'un toucher positif. Et un désir non satisfait peut être frustrant.


7. Que faire ? 

La première étape de la résolution d'un problème consiste à l'identifier.

Malheureusement, nous ne pouvons pas changer la société et les normes aussi facilement, mais plus nous en sommes conscients, plus nous pouvons nous défaire des liens qu'ils ont tissés autour de nous.

Au quotidien, nous pouvons améliorer notre capacité à toucher et à accepter le toucher sans intention sexuelle. Cela concerne le couple, mais aussi nos amis et connaissances - en prenant soin de viser une zone neutre (bras, épaules), et en s'assurant que tout le monde est à l'aise. Je parle de toucher sans intention, et surtout pas sexuel, ni agressif. Individuellement, être très conscient de tous les touchers que nous rencontrons au quotidien et les apprécier aidera à lutter contre l'effet de privation.


8. Dans nos couples, reconnaître l'expérience de l'autre et agir en conséquence.

Les femmes vivent dans un monde où elles peuvent être confrontées à des contacts non désirés et agressifs à n’importe quel moment – et ressentent quotidiennement la menace d'une telle intrusion. Elles sont également confrontées à la menace que l'intention sexuelle des autres puisse être agressive, intrusive et conduire à des expériences très douloureuses. 

Les hommes vivent dans un monde où leur existence corporelle même est ignorée et rejetée. Leur besoin fondamental d'être touchés et acceptés en tant qu'êtres humains est complètement négligé : ils sont considérés comme des menaces potentielles et ne sont jamais touchés avec accueil et bienveillance. 

Dans un couple hétérosexuel, cela signifie que l'homme doit être conscient du besoin de sécurité de la femme, qui ne doit pas se sentir agressée ou brusquée. Il faut une approche douce et progressive. Cela signifie qu'il doit éviter de la toucher sans contact visuel préalable, et toujours commencer par des zones neutres avant d'atteindre les parties plus intimes ou sexuellement chargées - et toujours s'assurer que l'étape suivante est bienvenue. Il doit veiller à ce que son toucher actif soit assez doux et mesuré à l’aune de ses préférences à elle.

Réciproquement, la femme doit être consciente que l'homme est en carence de contact physique et a besoin d'être accepté et bienvenu dans sa présence physique. Elle doit reconnaître son besoin de contact, de reconnaissance. Elle doit également tenir compte du fait que son esprit est câblé pour accorder plus de valeur au toucher sexuel qu'aux autres contacts. Une sexothérapeute m'a donné ce conseil, qui consiste à reconnaître le pénis en le touchant gentiment très tôt dans l'interaction (tandis que l'homme doit faire le contraire) - cela lui donne le sentiment d'être accepté, comme un être à part entière, et non comme une menace, à ressentir que son désir et son identité sont reconnus, et cela l'aidera à se détendre dans le reste de l'interaction.


Votre avis :

  • Aviez-vous déjà conscience de l'écart entre les sexes en matière de toucher positif ?
  • Avez-vous déjà réfléchi aux aspects systémiques (auto-renforcement, cercles vicieux) et aux conséquences ?
  • Quel impact cela a-t-il eu sur votre propre vie et vos relations ?
  • Qu’allez-vous modifier dans votre comportements grâce à cette prise de conscience ?
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