Last updated on mars 12, 2022

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Il y a quelque temps, lors d'une discussion sur les réseaux sociaux, je suis tombé sur une discussion autour d'un homme se sentant abandonné dans un mariage sans sexe. Malheureusement, c'est une situation assez courante, que mon travail peut aider à éviter.

Ce qui était moins habituel, c'est qu'une femme a avancé une idée à laquelle je n'avais pas pensé : elle a parlé de la façon dont notre société accepte comme une "réalité", que "le sexe avec pénétration n'est pas satisfaisant pour la plupart des femmes", et que cette croyance est nocive pour les couples, pour l'amour et pour le plaisir sexuel.

Je n'y avais jamais pensé de cette façon. Et en fait, elle a raison.

Les femmes se battent, à juste titre, pour leur droit au plaisir sexuel. Les découvertes sur le clitoris sont extrêmement utiles dans ce domaine (et c'est un témoignage du pouvoir du patriarcat que l'anatomie du clitoris n'a été étudiée qu'en 1998). Et, en effet, pour sa majeure partie, la stimulation clitoridienne est plus efficace avec la langue ou les doigts. Et ces découvertes de la stimulation clitoridienne et de l'orgasme ont permis à de nombreuses femmes d'accéder à du plaisir et à des orgasmes qu'elles n'avaient pas auparavant.

Toutefois, dans ma longue vie amoureuse, je n'ai jamais rencontré de femme qui n'ait pas eu la capacité d'avoir des orgasmes avec une pénétration "pénis dans le vagin". Et c'était la même chose pour la plupart des femmes avec qui j'ai parlé, et qui ont compris ce qu'est un véritable orgasme (y compris les lesbiennes, sans pénis mais avec des outils similaires).

L'existence de l'orgasme clitoridien, ne signifie pas que l'orgasme "vaginal" n'existe pas. Et l'existence d'orgasmes internes ne signifie pas que le gland du clitoris doit être négligé.

 

1. Ce que dit la science et pourquoi.

La statistique indique que "70 % des femmes ne peuvent avoir un orgasme que par stimulation clitoridienne", et non par pénétration vaginale. Je n'ai aucun doute que ce chiffre soit basé sur des observations réelles. En effet, très peu de femmes ont connu des orgasmes internes, pénétrants, sans parler de ce que j'appelle un "véritable orgasme".

Mais, dans mes observations, cela ne veut pas dire que c'est impossible : cela signifie que cela n'a pas encore été rendu possible. En raison de la nature même de la science (observation d'individus "aléatoires" et de situations "standard"), le fait que quelque chose soit possible ne peut pas être observé statistiquement. Mais aussi, en raison de la nature même de la science, l'affirmation "ne peuvent pas" est inadéquate, et ma précision ("n'a pas encore été rendu possible") est valide.

Découvrir que le corps du clitoris est stimulé pendant le coït, et est probablement la source de la plupart des orgasmes "vaginaux" (autant que la science a pu l'observer), est en effet une bonne chose – une meilleure compréhension est toujours bonne de toute façon. Cela souligne également à quel point les mutilations génitales féminines sont abominables.

Mais, la conclusion selon laquelle tous les orgasmes sont clitoridiens a contribué à ce que beaucoup de gens acceptent l'idée que la pénétration ne peut pas donner d'orgasmes aux femmes. Ce qui en conséquence a été utilisé comme un moyen d'expliquer pourquoi les rapports sexuels avec des hommes étaient si ennuyeux, voire sinistres, pour tant de femmes. Cela peut donner l'impression que les hommes hétérosexuels n'ont pas de place pour s'améliorer et apprendre - si cela est impossible, à quoi bon essayer de s'améliorer ?

Une partie du problème, bien sûr, est que le sexe n'est généralement analysé par la science que comme étant une question binaire, "oui/non" (je consens ou non, j'ai du plaisir ou non…). Même lorsqu'in analyse la violence dans le porno, les analyses se concentrent sur des actions violentes "objectives", non sexuelles - on n'ose jamais commenter le sexe lui-même. Ce qui est compréhensible, car le sexe est tellement intime – et tabou.

Mais le sexe n'est pas une question binaire. Comme toute langue, cela dépend du talent, des efforts et de l'empathie ! Apprendre, faire de notre mieux pour notre partenaire et écouter ses signaux. Mais comme la science et les statistiques ne peuvent pas juger de vos compétences, encore moins de votre empathie, elles ne peuvent que constater que 70% des femmes qui connaissent l'orgasme clitoridien ne ressentent pas le coït comme orgasmique.

 

2. Ma vérité expérimentale sur les orgasmes vaginaux

Oui, en effet, pénétrer un vagin à la façon d'un marteau-piqueur, avec peu ou pas de préparation, et sans aucun égard pour son état interne, donnera rarement (voire jamais) peu laisir à une femme. Et, en effet, très peu d'hommes ont, même une petite idée, de la façon dont il faut procéder pour donner vraiment du plaisir et de l'orgasme !

Le fait est que si un homme pense que ces 70% de femmes ne peuvent pas avoir, et n'auront jamais, d'orgasme vaginal, il tiendra pour acquis qu'il n'y a aucun moyen de s'améliorer, de faire les choses différemment pour un résultat différent !

Ce raisonnement est extrêmement nuisible. Parce qu'il empêche les gens d'améliorer leur vie sexuelle, parce qu'il amène à considérer les rapports sexuels  insatisfaisants comme une fatalité, parce que c'est le premier pas vers des relations sans sexe.

Mais cette idée est également néfaste d'une manière plus pernicieuse. Car dans cet état d'esprit, la pénétration est acceptée comme un acte unilatéral, où un homme utilise le corps d'une femme comme un jouet sexuel (ce qui est horrible d'un point de vue humain !). Le sexe deviendra comme un échange économique, où chacun à son tour concèdera être utilisé par son partenaire pour un plaisir égoïste ? Chacun à son tour fera des choses "pas agréables" pour la satisfaction de son partenaire ? C'est déprimant!

Et bien sûr, une telle situation se traduira par une mauvaise qualité d'intimité dans leur vie sexuelle.

Je n'ai jamais rencontré de femme incapable d'éprouver du plaisir et de l'orgasme par pénétration vaginale. Cependant, j'en ai rencontré beaucoup qui n'avaient jamais eu l'expérience, parce que leurs partenaires précédents n'avaient pas été assez informés ou assez patients - sans parler de celles qui avaient souffert parce que leurs partenaires avaient précipité la pénétration alors que le vagin n'était pas encore prêt et réceptif. Et, j'en ai rencontré beaucoup, qui ne pouvaient pas accéder à leurs récepteurs de plaisir à cause d'un traumatisme, et qui avaient besoin d'un temps de guérison pour retrouver la sensibilité. Parfois, il m'a fallu des mois de soins et de réparation, car un traumatisme sexuel peut être physique, psychologique ou les deux – le plus souvent, les deux, et dans ce dernier cas, chaque partie contribue au maintien de l'autre. Ce travail de réparation ne devrait pas être fait au sein du couple, mais par des thérapies professionnelles (sexothérapeutes etc.), mais effectivement la façon de toucher les organes génitaux au sein du couple est cruciale pour aider à cette guérison. 

Il faut pouvoir envisager la possibilité que l'interaction soit agréable pour lâcher prise et ressentir l'orgasme. Par conséquent, pour de nombreuses femmes, atteindre l'orgasme vaginal peut être difficile et nécessiter du temps, voire une guérison. Plus votre corps a ressenti de la douleur et des traumatismes, moins il est probable que vous puissiez laisser vos sensations vous envahir, que vous baissiez vos barrières, et que vous vous concentriez complètement sur le plaisir de l'expérience. Ce qui est nécessaire pour atteindre un véritable orgasme.

Cependant, si une femme sait que les rapports sexuels seront agréables et sait que son partenaire lui donnera des orgasmes, elle SERA prête à participer à des activités sexuelles avec lui (ou elle…). Donc, oui, cela peut prendre du temps et des efforts (mais l'effort est si agréable !) pour parvenir à une complicité sexuelle orgasmique, mais c'est la condition nécessaire pour continuer à pouvoir exprimer l'amour et l'intimité via la sexualité et l'intimité physique. 

 

3. Sur un autre aspect du sujet…

La stimulation du clitoris génère une réponse orgasmique de façon relativement fiable.

Pourtant… beaucoup de femmes souffrent, surtout depuis une vingtaine d'années, d'une mauvaise compréhension de leur propre gland clitoridien. Vous vous souvenez sans doute comment j'ai dit que le clitoris doit être touché, avec une extreme délicatesse ?  Et comment, dans le porno, ils ont tendance à le frotter comme s'ils essayaient d'allumer un feu  de broussailles ?

Eh bien, cette stimulation frénétique causera probablement de la douleur (tout comme un frottement impitoyable du gland d'un pénis). Mais cela provoque aussi une stimulation. Et finalement, la stimulation créera un petit "orgasme"– un "orgasme hâtif" (ceux qui ne sont pas vraiment satisfaisants et qui nécessitent un temps de "repos" sans contact, tout comme l'éjaculation).

Cependant, tout comme je l'ai dit lorsque j'ai décrit les différents degrés d'orgasme, causer un peu de douleur afin d'atteindre l'objectif plus rapidement a un effet dommageable sur le corps et la sensibilité. Pour résister à la douleur de cette stimulation frénétique, le système nerveux va s'adapter et baisser sa sensibilité. C'est un effet similaire à celui de la toxicomanie, "l'accoutumance" (différent de la dépendance) – le besoin d'un stimulus de plus en plus intense pour obtenir le même effet… et donc cette habitude va progressivement diminuer l'intensité, et finalement la probabilité, de l'orgasme. J'ai rencontré des femmes qui observent une baisse progressive de leur réponse à la masturbation, à cause de cela.

Il existe cependant des solutions à cette perte de sensations. Ces solutions demandent du temps et des efforts, mais pas autant que pour une dépendance toxicologique. Si vous avez un clitoris, et que vous sentez que vous êtes dans ce cas de sensibilité abaissée, il existe quelques indices et techniques. Mais il faudrait probablement plus qu'un simple article de blog. C'est une sorte de rééducation de votre corps et de votre système nerveux. Cela prendra du temps et de la pratique, mais c'est possible.

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